Depuis plusieurs années, l’Urssaf Île-de-France intervient régulièrement dans le cadre des stages « 5 jours pour entreprendre » organisés par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). Zoom sur ce dispositif d’accompagnement au travers des témoignages d’Hakima S., chargée de la relation cotisants à l’Urssaf Île-de-France, et Laurent Mabire, chef de projet entrepreneuriat à la CCI des Hauts-de-Seine.
Quel statut choisir ? Quand déclarer son chiffre d’affaires ? Comment payer ses cotisations ? Autant de questions qui peuvent rapidement mettre en difficulté une jeune entreprise.
L’Urssaf Île-de-France et les CCI franciliennes associent leurs compétences pour devancer ces interrogations. En effet, depuis 2020, l’Urssaf Île-de-France participe au programme de la CCI « 5 jours pour entreprendre » en tant qu’intervenant régulier.
Un partenariat entre les deux organismes qui repose sur un objectif commun : accompagner dans leurs démarches de création ou reprise d’entreprise les porteurs de projet afin de leur assurer un début d’activité serein.
On revient pour vous sur ce dispositif d’accompagnement au travers des témoignages de Hakima S., chargée de la relation cotisants à l’Urssaf Île-de-France et Laurent Mabire, chef de projet entrepreneuriat à la CCI des Hauts-de-Seine.
« 5 jours pour entreprendre », la promesse est attrayante. Pouvez-vous nous parler de ce dispositif ?
Laurent Mabire : Son enjeu est simple : pour être libre d’entreprendre, il faut savoir comment entreprendre ! Dès 1973, la loi Royer a instauré le principe d’une formation facultative pour dispenser les bases d’une culture économique aux personnes souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat. Les décrets d’application successifs de cette loi ont imposé que la formation ait une durée minimale de trente heures, donc littéralement « 5 jours pour entreprendre ».
Cette formation intense permet de balayer avec des formateurs experts du domaine tous les pans de la création d’entreprise et du début d’activité : adéquation de la personne avec son projet, étude de marché, aspects réglementaires de l’activité, modèle d’affaire (business model) décrivant l’ensemble des flux nécessaires pour faire fonctionner l’entreprise, plan de développement (business plan) précisant les aspects chiffrés et bien entendu les aspects juridiques.
Le programme actuel, constamment réactualisé, est le fruit de 50 ans d’expérience des Chambres de commerce dans l’entrepreneuriat. Le programme est national et est dispensé dans toutes les CCI.
À qui s’adresse ce programme et quelles sont les conditions pour s’y inscrire ?
Laurent Mabire : Pour participer, il faut simplement « avoir envie d’entreprendre » ; c’est le moteur de toute action entrepreneuriale.
La formation est éligible au CPF au tarif de 690 €. Le programme est disponible sur MonCompteFormation et sur le site internet de la CCI Paris Île-de-France.
À noter que derrière les modalités décrites, l’accès à la formation nécessite un réel engagement de participation. Pour cela, nous organisons toujours un entretien préalable avec le référent pédagogique de la formation pour mesurer la bonne adéquation du programme avec le besoin du participant. Et si le stage « 5 jours pour entreprendre » ne semble pas adapté à sa situation, nous trouvons une solution alternative pour bien accompagner sa création d’entreprise.
L’Urssaf Île-de-France intervient régulièrement dans le cadre des stages « 5 jours pour entreprendre ». Quels sont les enjeux de sa présence pour les participants ?
Laurent Mabire : C’est un gage de sérieux ! Nous préparons des chefs d’entreprise et il est important qu’ils aient face à eux les partenaires avec lesquels ils seront en relation.
Par ailleurs, une création d’activité s’accompagne souvent à terme de plusieurs créations d’emploi et il est essentiel que les chefs d’entreprise soient informés des démarches et obligations sociales que cela implique. Bien démarrer dès le départ avec toutes ces informations leur permet de concentrer leurs efforts sur l’amélioration de leur produit ou service et non à la correction d’erreurs administratives.
Enfin, demander à l’Urssaf d’intervenir physiquement dans les formations permet d’incarner la relation que les entrepreneurs pourront avoir ensuite avec l’organisme et, ainsi, faciliter la prise de contact.
Sur quelles thématiques intervient l’Urssaf lors de ces stages ?
Hakima S. : Nous intervenons sur les thématiques liées à la création d’entreprise et à la protection sociale du dirigeant. La première étape cruciale consiste à informer les participants sur les missions et le rôle de l’Urssaf. Ensuite, place à la partie plus « pratique » avec une présentation des différents statuts juridiques, des obligations sociales qui s’y rattachent, des cotisations et des droits que celles-ci ouvrent sur le plan social. L’intervention consiste à communiquer toutes les informations essentielles à connaître quand on crée son entreprise.
Comment l’Urssaf est-elle accueillie par les participants ?
Hakima S. : Au départ, à l’évocation du terme « Urssaf », la majorité des participants a une certaine appréhension.
L’objectif avant tout est donc de bien prendre le temps d’expliquer le rôle de notre organisme. Nous avons bien sûr un rôle de recouvreur de cotisations – qui permettent le financement de la sécurité sociale – mais nous avons aussi une mission essentielle d’accompagnement de nos publics à chaque étape de leur activité.
Au fil de mon intervention, les participants se montrent de plus en plus curieux et posent beaucoup de questions, notamment sur leur situation personnelle car le format de l’atelier – organisé en petit groupe – le permet. Ils sont attentifs aux réponses apportées et aux informations délivrées et m’en remercient à la fin de la présentation. Ils indiquent régulièrement que leur regard sur notre institution a évolué car il en comprennent désormais mieux les enjeux. C’est très valorisant !
Et pour moi, en tant qu’intervenante, c’est « mission accomplie », car j’estime alors avoir réussi à leur transmettre les informations essentielles à la création de leur activité tout en donnant du sens aux missions de l’Urssaf.
Quels sont les retours des participants ?
Hakima S. : Majoritairement, ils se sentent mieux « armés » pour bien gérer leur activité et sont rassurés, par exemple sur les démarches à réaliser, etc. Tout cela est moins flou pour eux à l’issue de l’atelier.
Laurent Mabire. : Pour compléter, de notre côté nous réalisons toujours une enquête de satisfaction à la fin de chaque session. À la question « Recommanderiez-vous cette formation ? », 99% des 1 200 stagiaires que nous avons en moyenne chaque année répondent favorablement !
De plus, la notation moyenne du stage sur MonCompteFormation est de 4,85/5. Le même niveau est atteint sur la plate-forme ANOTEA de Pôle Emploi où, par ailleurs, les stagiaires déposent des avis anonymes intéressants. En voici quelques-uns :
Ce dernier avis est très important, car il permet de constater que la personne n’est pas en phase avec son projet pour des raisons qui lui appartiennent. La décision de ne pas de lancer est aussi l’intérêt d’une telle formation. Dans tous les cas, ce n’est pas un échec, car la personne aura acquis des compétences méthodologiques qui pourront être valorisées ultérieurement dans le cadre d’un autre projet ou d’une recherche sur le marché de l’emploi.
Quels conseils donneriez-vous à un porteur de projet ?
Hakima S. : La règle d’or pour moi, c’est « bien s’informer » : sur la faisabilité de son projet, sur son secteur d’activité (la concurrence, les évolutions, etc.).
C’est essentiel pour assurer la pérennité de son entreprise. Il est important également de se renseigner sur les différents statuts sociaux et, pour cela, de passer par les acteurs et sites internet « officiels » pour s’assurer d’avoir les bonnes informations en poche. L’Urssaf Île-de-France organise régulièrement, et souvent en lien avec ses partenaires comme la CCI, Pôle emploi etc., des webinaires et ateliers sur la création d’entreprise. Si vous êtes porteur de projet ou créateur d’entreprise, je ne peux que vous inviter à participer à ce type d’évènement !
Laurent Mabire. : Il est aussi important de comprendre la vitesse à laquelle l’environnement et le contexte évoluent. Cela a une incidence pour les dirigeants d’entreprise. Tout l’enjeu est donc de piloter et sécuriser son activité dans cet environnement parfois instable, en faisant appel aux bons partenaires aux moments-clés de son activité.
Il est également important de rompre le sentiment de solitude connu de tout chef d’entreprise, qui est seul à bord de son activité, seul avec ses décisions. Pour cela, choisir un réseau d’accompagnement est un facteur de robustesse car cela permet d’échanger avec d’autres entrepreneurs sur les aléas rencontrés et de favoriser des contacts qui peuvent être autant d’opportunités d’affaires. Au-delà du « réseautage professionnel », il y a également l’entourage. En effet, durant des mois, le porteur de projet va « vivre entreprise », « parler entreprise », « dormir entreprise ». Il va embarquer ses proches dans cette aventure entrepreneuriale. Leur soutien est un facteur déterminant.
Enfin mon dernier conseil : oser parler argent. Beaucoup de porteurs de projet ne souhaitent pas recourir à un financement tiers. Or, il existe en Île-de-France de nombreuses solutions pour disposer d’un financement adapté à chaque situation.
Où retrouver les dates des prochains stages organisés ?
Ces informations sont disponibles sur les sites internet des CCI franciliennes :
- sur entreprises.cci-paris-idf.fr pour Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne, les Yvelines et le Val-d’Oise ;
- sur seineetmarne.cci.fr pour la Seine-et-Marne ;
- sur essonne.cci.fr pour l’Essonne.
Chaque CCI départementale d’Île-de-France organise une session par mois, ce qui offre un vaste choix aux personnes qui souhaiteraient y participer.
Pour conclure, quel bilan tirer de ce partenariat ?
Hakima S. : Un bilan très positif ! Pour lancer leur activité dans les meilleures conditions, les porteurs de projet ont besoin d’un maximum d’informations sur des champs assez larges (fiscaux, sociaux, etc.). Obtenir ces informations simultanément lors des stages « 5 jours pour entreprendre » grâce à la présence d’experts est un vrai plus. Pour l’Urssaf, participer à ce programme est également important, car cela s’inscrit dans sa mission d’accompagnement des publics ; c’est primordial pour aider les porteurs de projet à sécuriser leurs pratiques dès le lancement de leur activité. Enfin, à titre personnel, c’est une expérience très enrichissante !
Laurent Mabire. : En effet, notre action commune permet d’accompagner de futurs chefs d’entreprise à sécuriser leur début d’activité. Il est important de montrer qu’il y a des partenaires de confiance auxquels s’adosser. La confiance est le maître-mot de l’entrepreneuriat et du monde des affaires. Le partenariat avec l’Urssaf Île-de-France renforce cette chaîne de confiance sur laquelle peuvent compter les chefs d’entreprise.